National | Communiqué de presse

Le budget fédéral n’est pas d’intérêt public

(Saskatoon) — Le site The est déçu mais pas surpris par le récent budget fédéral. « Ce budget aura pour effet un important transfert de richesse et de pouvoir des citoyens canadiens vers des sociétés privées – dont beaucoup ne sont même pas basées au Canada », a déclaré Terry Boehm, président de .

Six points clés du budget fédéral 2012 qui touchent particulièrement les fermières :

  1. Exiger que la Commission canadienne des grains passe au recouvrement intégral des coûts par le biais de redevances pour services rendus.
    • La CCG a 100 ans et est l’autorité finale en matière de classement et d’inspection des grains au Canada. Elle a toujours été financée par des fonds publics en reconnaissance de sa valeur pour les fermiers, les clients et l’économie canadienne. Les 44 millions de dollars prévus dans ce budget fédéral pour le passage de la CCG à la rémunération à l’acte n’aideront pas les fermières, mais affaibliront au contraire cette importante institution publique et favoriseront le passage à un système de classement privé qui ne sera pas dans l’intérêt des fermières et qui ne sera pas transparent.
  2. Éliminer l’application par l’Agence canadienne d’inspection des aliments des allégations d’étiquetage alimentaire non liées à la santé et à la sécurité.
    • Le budget déplace les préoccupations relatives à l’exactitude de ces étiquettes vers le consommateur. Bien qu’elle ne précise pas quels labels seraient concernés, l’une des possibilités est l’appellation « Produit du Canada ». Les consommateurs ne seront pas en mesure d’affronter efficacement les grandes entreprises de transformation alimentaire et de veiller à leur respect. Ce changement entraînera probablement une perte de parts de marché pour les agriculteurs canadiens, car rien n’empêchera l’importation de denrées alimentaires étiquetées comme canadiennes et vendues frauduleusement, peut-être à un prix plus élevé, à des consommateurs qui souhaitent soutenir nos fermières.
  3. L’octroi de milliards de dollars à des entreprises privées et à des partenariats université-industrie pour soutenir la recherche à des fins commerciales au lieu de financer la recherche dans l’intérêt public.
    • Le budget prévoit plus de 2 milliards de dollars pour soutenir la recherche. Toutefois, cette recherche est exclusivement axée sur la recherche liée aux entreprises et ayant des applications commerciales. L’expression « applications commerciales » signifie que le résultat souhaité de la recherche subventionnée est un produit qui peut être vendu pour rapporter à l’entreprise. Le site est particulièrement préoccupé par les modifications possibles des droits d’obtenteur qui entraîneraient des taux plus élevés de redevances sur les nouvelles variétés de semences et une application plus large de ces redevances, ce qui augmenterait les coûts pour les fermières et limiterait les possibilités de conserver les semences.
    • En se concentrant sur la recherche liée aux entreprises, la recherche publique d’intérêt général est négligée. Il existe de nombreux domaines de recherche que nous aimerions voir se concrétiser et qui aideraient les fermières, les communautés, l’environnement et les consommateurs – sans qu’il soit nécessaire de les commercialiser. Parmi les exemples, citons la sélection végétale publique pour les systèmes de culture à faible consommation d’intrants, la recherche agronomique qui aide les fermières à travailler avec la nature, les méthodes de vulgarisation saisonnière à faible coût pour les horticulteurs, etc.
  4. Une réduction agressive des droits de douane dans le but d’accroître les échanges, ce qui pourrait bien conduire à l’affaiblissement de notre système de gestion de l’offre.
    • L’un des piliers du système de gestion de l’offre (utilisé pour les produits laitiers, les poulets, les dindes, les œufs de table et les œufs à couver) est la structure tarifaire qui empêche les importations incontrôlées qui entraîneraient un déséquilibre entre l’offre et la demande et donc une déstabilisation des prix. Si le Canada cherche à réduire les droits de douane sur tous les types d’importations, la gestion de l’offre pourrait être gravement affectée et nous pourrions perdre un grand nombre de nos fermières de produits laitiers, de volailles et d’œufs.
  5. Priorité continue à la négociation d' »accords commerciaux » qui sapent la souveraineté alimentaire au Canada et dans d’autres pays et qui, en appliquant des règles avantageuses pour les entreprises mondiales, empêchent les gouvernements élus d’élaborer des politiques dans l’intérêt des citoyens.
    • La souveraineté alimentaire exige que les citoyens d’un pays aient le pouvoir de prendre les décisions importantes concernant notre système alimentaire. Les soi-disant « accords commerciaux » limitent considérablement la capacité des gouvernements élus à garantir une production alimentaire suffisante et à veiller à ce que cette production corresponde au blé dont les gens ont besoin et qu’ils désirent – et à garantir que les fermières d’un pays puissent rester en activité et ne soient pas soumises à des variations erratiques de prix dues aux fluctuations monétaires ou à l’intrusion d’importations moins chères sur le marché national.
    • Le projet de texte de l’Accord commercial global entre le Canada et l’Union européenne (AECG) qui a fait l’objet d’une fuite contient des dispositions alarmantes telles que l’interdiction pour les municipalités, les écoles et les hôpitaux de mettre en œuvre des politiques d’approvisionnement alimentaire local, et le pouvoir de saisir les biens des fermières soupçonnées de violation de brevets avant toute procédure judiciaire. Ces mesures ne concernent pas le commerce, mais visent à faire passer les intérêts des multinationales avant la volonté démocratique des citoyens.
  6. Une rhétorique vide sur une transition en douceur vers un système de marché libre des céréales dans les Prairies, après la Commission canadienne du blé, sans aucun détail ou budget pour le soutenir.
    • Le gouvernement fédéral n’a rien fait et n’a annoncé aucune mesure pour aider les fermières à faire face au chaos provoqué par la suppression du guichet unique de la Commission canadienne du blé (qui est toujours devant les tribunaux). Les fermières doivent planifier leurs cultures en l’absence d’informations fiables sur le fonctionnement des prix, du transport, du classement et de la logistique. Trois ans plus tard, les fermières australiennes considèrent toujours que le passage du guichet unique au marché libre est une expérience difficile, frustrante et coûteuse. La désinvolture dont font preuve les fermiers canadiens de la part du gouvernement fédéral est inexcusable.

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Pour plus d’informations :

Cathy Holtslander, Directrice de la recherche et de la politique : (306) 652-9465