Vérification des faits : La gestion de l’offre est une ancre solide dans la tempête tarifaire
L’imminence de droits de douane américains de 25 % sur toutes les exportations canadiennes porte atteinte aux revenus des fermières et à la sécurité alimentaire des consommateurs. Des secteurs clés – le bœuf, le porc, les céréales et les oléagineux – dépendent des marchés américains, tandis qu’une grande partie de nos fruits et légumes frais ainsi que des produits alimentaires transformés sont importés. Vous ne savez peut-être pas que nos produits laitiers, nos volailles et nos œufs sont à l’abri des menaces tarifaires parce qu’ils sont élevés, transformés et consommés au Canada, en quantités suffisantes et au bon moment, ce qui nous permet d’en avoir toujours assez sans gaspiller les excédents.
La gestion de l’offre offre aux fermiers des secteurs du lait, de la volaille et des œufs un niveau de stabilité économique qui fait l’envie des fermiers des États-Unis et d’ailleurs. Au sud de la frontière, lorsque le prix du lait s’effondre, les difficultés économiques entraînent souvent la perte de l’exploitation par les familles d’agriculteurs. Ce type de fluctuation dévastatrice du prix du lait ne se produit pas au Canada. La raison en est simple : La gestion de l’offre.
Comme son nom l’indique, la gestion de l’offre impose une gestion de l’offre totale de produits laitiers, de volailles et d’œufs produits au Canada et veille à ce que nos fermières ne produisent ni plus ni moins que ce dont le marché a besoin. La gestion de l’offre permet d’éviter les fluctuations importantes des prix. Elle permet également d’éviter la surproduction massive et le gaspillage de denrées alimentaires de qualité qui en résulte dans un certain nombre d’autres pays, y compris les États-Unis. La gestion de l’offre, parfois appelée discipline de production, est l’un des trois piliers du système canadien de gestion de l’offre.
Les deux autres piliers de la gestion de l’offre sont la fixation des prix en fonction des coûts de production et le contrôle des importations. La fixation des prix en fonction des coûts de production garantit que les fermières reçoivent un revenu équitable pour leurs efforts. Le contrôle des importations garantit un approvisionnement prévisible et adéquat en empêchant les produits étrangers d’inonder nos marchés et de mettre nos fermières en faillite.
Dans le cadre du système canadien, les consommateurs canadiens bénéficient d’un approvisionnement et de prix stables. Si une guerre commerciale se produit, elle n’aura qu’un impact minime sur notre capacité à acheter du lait, de la volaille et des œufs, car nous importons et exportons très peu de ces denrées. Nous produisons au niveau national pour le marché national. Dans le cadre de la gestion de l’offre, nous bénéficions d’un certain niveau de sécurité alimentaire pour les produits laitiers, la volaille et les œufs, ce qui n’est pas nécessairement le cas pour le bœuf, le porc et les légumes. Avec la gestion de l’offre, les fermières ne risquent pas de perdre leurs marchés et de devoir vendre leur exploitation en raison d’une guerre commerciale avec les États-Unis, car elles ne produisent pas pour le marché américain.
La stabilité des revenus agricoles dans le cadre de la gestion de l’offre a permis d’éviter une consolidation extrême des exploitations et la tendance à la création de méga-exploitations que l’on observe aux États-Unis dans le cadre de l’approche « get big or get out » (grossir ou disparaître). Nos exploitations à plus petite échelle facilitent la gestion du fumier et réduisent le risque de problèmes environnementaux. En outre, un plus grand nombre d’exploitations de petite taille se traduit par un plus grand nombre d’exploitations familiales dans le paysage, avec plus de personnes qui s’investissent dans les communautés locales.
La gestion de l’offre maintient la valeur économique des produits laitiers, de la volaille et des œufs au sein du Canada. Les multinationales avides aimeraient bien briser notre système et extraire cette valeur pour elles-mêmes. Sous AECG, le CPTPP et maintenant ACEUM, les accords commerciaux ont sapé la gestion de l’offre et aujourd’hui, 18 % du précieux marché laitier canadien a été accaparé par les multinationales. Le résultat est que l’argent des consommateurs pour l’alimentation s’envole hors de notre pays. Le projet de loi C-282, qui vise à supprimer la gestion de l’offre des futures négociations commerciales, a été motivé par la volonté d’empêcher une nouvelle érosion de la gestion de l’offre. Le projet de loi C-282 a reçu un soutien massif de la part de la Chambre des communes, mais il est mort au Sénat lorsque le Parlement a été prorogé en janvier.
Vous avez probablement entendu dire que la protection de la gestion de l’offre mettait le Canada en porte-à-faux à la table des négociations commerciales. Ce discours convient parfaitement aux multinationales qui veulent utiliser notre système comme monnaie d’échange. Ce que vous n’avez peut-être pas entendu, c’est la longue histoire de succès de la gestion de l’offre dans la sauvegarde des moyens de subsistance des fermières, de la sécurité alimentaire et de la souveraineté alimentaire des Canadiens. Je vous encourage à vous familiariser le plus possible avec cette histoire et à remettre en question le discours des entreprises à chaque fois que vous en avez l’occasion.
La défense de notre souveraineté alimentaire, la capacité de contrôler démocratiquement ce que nous produisons et ce que nous mangeons, vaut toutes les connaissances et la passion que nous pouvons mobiliser. Défendons et renforçons la gestion de l’offre.