IL EST TEMPS DE LANCER UN DÉBAT NATIONAL SUR L’INDUSTRIE ALIMENTAIRE
Par Neil Peacock
Le rappel de XL Foods a vraiment fait parler du système alimentaire dans tout le Canada. Le souci de la sécurité de nos aliments nous unit, que nous soyons citadins ou ruraux, fermiers ou consommateurs, et quelle que soit la région du pays où nous vivons. Certains disent que nous avons besoin d’un débat national sur l’industrie alimentaire, et je suis tout à fait d’accord avec cette affirmation.
The a publié en novembre 2008 un rapport détaillé intitulé » La crise agricole et le secteur bovin : Towards a New Analysis and a New Solution décrivant la concentration du secteur de l’élevage par les multinationales et les conséquences pour les fermières et les consommateurs. Le rapport est disponible sur le site web . Le site présentait un historique détaillé de l’industrie bovine au Canada et exposait 16 solutions à la situation à laquelle sont confrontés les fermiers et le public canadien en général.
Étant moi-même éleveur de bétail, je suis fier de dire que mon bétail porte la même marque que celui de mon grand-père, de sorte que le secteur de l’élevage n’a rien de nouveau pour moi. Lorsque la viande de bœuf quitte mon exploitation, elle peut être consommée en toute sécurité par les Canadiens. Ce n’est qu’une fois que le bétail a quitté mon exploitation que les problèmes de sécurité entrent dans la chaîne alimentaire, mais je suis puni financièrement pour la mauvaise gestion des autres.
L’industrie alimentaire canadienne est très concentrée, non seulement dans le secteur de la viande bovine, mais aussi dans tous les secteurs alimentaires. Selon le documentaire Beef Inc. produit par l’Office national du film du Canada (et que je recommande vivement), la grande majorité des produits alimentaires que l’on trouve dans les rayons de nos magasins sont transformés, conditionnés et/ou distribués par un très petit nombre de grandes entreprises dans chaque secteur, qui utilisent ensuite la taille de leur part de marché à leur propre avantage. Vous pouvez découvrir le niveau de contrôle exercé par un très petit nombre d’entreprises dans le secteur de la viande bovine dans le rapport mentionné précédemment. La société mère de XL Foods, celle-là même qui est impliquée dans le plus grand rappel de viande de l’histoire du Canada, contrôle également de nombreux marchés aux enchères de bovins de l’Ouest où les fermiers vendent leur bétail, ainsi que les parcs d’engraissement de bovins qui achètent le bétail aux fermiers. De plus en plus de fermières et de consommateurs canadiens se retrouvent piégés, sans choix véritable, dans un marché fortement contrôlé par des entreprises verticalement intégrées aux deux extrémités du système alimentaire.
Le rapport 2008 sur le bétail montre également la relation entre l’accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis et l’ALENA en 1989 et 1994 respectivement, et les résultats catastrophiques que ces accords ont eus sur notre système alimentaire aujourd’hui. Si vous examinez le projet d’accord avec l’Union européenne (AECG ) que le gouvernement fédéral vise à conclure d’ici la fin de l’année, les Canadiens devraient être encore plus inquiets, car il n’est manifestement pas dans l’intérêt public.
Le rappel du bœuf contaminé de XL Foods, qui a provoqué des maladies de l’île de Vancouver à Terre-Neuve, gaspillé des millions de livres de viande et porté atteinte aux revenus des fermières et des travailleurs des usines concernées, est une véritable sonnette d’alarme. Il est clair qu’un débat public sur l’orientation de notre politique alimentaire et agricole et sur sa finalité est nécessaire et justifié. Cette discussion doit inclure non seulement les soi-disant parties prenantes de l’industrie, mais aussi tous les citoyens du Canada qui sont les véritables parties prenantes de l’industrie. C’est la question la plus importante à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui en tant que nation. Vous pensez peut-être que le pétrole, l’industrie manufacturière et l’emploi sont importants, et à juste titre, ils le sont. Ils sont toutefois beaucoup moins importants que l’eau et la nourriture propres et sûres. Si vous n’êtes pas d’accord, essayez de passer 30 jours sans l’un ou l’autre et nous en reparlerons.
Le gigantisme, résultat d’une consolidation croissante des entreprises, n’est clairement pas dans l’intérêt du bien public ou de la confiance du public. Les Canadiens doivent s’impliquer et exiger un examen et une restructuration de notre système agricole et alimentaire.
Neil Peacock est membre du conseil d’administration de et éleveur de bovins à Sexsmith, en Alberta.