National | Communiqué de presse

La Banque mondiale et le FMI sont coupables de favoriser l’accaparement des terres et d’accroître les inégalités, selon LVC

LVC-poster-souveraineté-alimentaire-grand formatBali –Lors d’une réunion de La Via Campesina organisée par Serikat Petani Indonesia (SPI) à Bali, des organisations paysannes d’Asie, d’Afrique, des Amériques et d’Europe ont unanimement tenu la Banque mondiale et le FMI pour responsables de l’accaparement des terres, de la déforestation et de l’accaparement des océans à grande échelle dans le monde, qui ont conduit à l’inégalité, à la pauvreté et à la faim dans le monde. Les paysans ont souligné que plusieurs décennies de pressions néolibérales de la Banque mondiale et du FMI en faveur de la privatisation et de la déréglementation dans les pays en développement sont parmi les principaux facteurs qui ont conduit à l’augmentation du coût de la vie pour les communautés paysannes.

Au cours des 30 à 40 dernières années, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), et plus récemment l’OMC, ont contraint les pays à diminuer les investissements dans la production alimentaire et à réduire le soutien aux paysans et aux petits fermiers. Dans le cadre des politiques néolibérales, les réserves alimentaires gérées par l’État ont été considérées comme trop coûteuses et les gouvernements ont été contraints de les réduire et de les privatiser dans le cadre des régimes d’ajustement structurel.

Des représentants de pays tels que le Timor oriental, la Thaïlande, le Kenya, le Cambodge, la Malaisie, la France, l’Indonésie, la Corée du Sud, l’Inde, le Népal et le Sri Lanka ont cité plusieurs exemples d’accaparement de terres à grande échelle dans leur pays, afin de faciliter des projets d’infrastructure massifs financés par la Banque mondiale et le FMI.

David Calleb Otieno, de la Kenyan Peasants League, a déclaré : « Au Kenya, le FMI a récemment fait pression pour la promulgation de la loi de finances 2018 qui a augmenté les taxes sur les carburants, les transferts d’argent mobile et abrogé la loi sur les taux d’intérêt. L’intention est de permettre aux créanciers kenyans de continuer à gagner de l’argent grâce au service de la dette du Kenya, au détriment du bien-être de la population kenyane. Les dépenses sociales sont gelées au Kenya. Le ratio dette/PIB du Kenya s’élève désormais à près de 70 % du PIB. Pris au piège de la dette, presque tout est privatisé – les transports, l’eau, les télécommunications. Les paysans ont perdu leur autonomie en matière de semences et nos politiques agricoles visent à encourager les cultures commerciales. Toutes ces politiques sont mises en œuvre à la demande du FMI et de la Banque mondiale.

Mme Jeongyeol Kim, de l’Association des femmes paysannes coréennes, a ajouté : « La Corée du Sud a signé des accords commerciaux avec 52 pays et ces accords déterminent la manière dont les politiques agricoles sont élaborées dans le pays. Il y a eu une volonté constante de se détourner de l’agriculture paysanne et d’adopter un modèle agro-industriel orienté vers l’exportation. Cela a entraîné une augmentation de la dette rurale et une destruction complète des moyens de subsistance des paysans. Les paysannes subissent les pires conséquences de ce modèle industriel, qui fait largement appel aux intrants chimiques. Ce changement dans la façon dont nous pratiquons l’agriculture est dû en grande partie aux conditions imposées par le FMI et la Banque mondiale lors de l’octroi des prêts ».

Baramee Chairayat, de l’Assemblée des pauvres de Thaïlande, a déclaré : « Le plan de développement national de la Thaïlande a toujours eu la bénédiction de la Banque mondiale, ce qui signifie que les terres agricoles et les forêts publiques ont été détournées pour faire place à de gigantesques autoroutes, à de grandes plantations agro-industrielles et à des usines de canne à sucre. En l’espace de quatre décennies, une grande partie de la Thaïlande rurale s’est retrouvée sans terre. La Thaïlande a promulgué des lois qui ont aliéné les populations indigènes de leurs forêts ».

Claude Girod, de la Confédération paysanne (France), le mouvement massif d’industrialisation et d’agro-industrie sur le continent africain, qui résulte des prêts conditionnels accordés par la Banque mondiale et le FMI, a conduit à des pièges de la dette inéluctables, entraînant des conflits, des guerres et des migrations massives ».

« La Banque mondiale et le FMI ont, au nom du Programme d’ajustement structurel, poussé à la financiarisation et à la privatisation des ressources naturelles en Indonésie. Lorsque les gens résistent à ces accaparements de terres – qui ont lieu au nom de REDD+ ou de tout autre programme de ce type – les paysans sont attaqués, emprisonnés et criminalisés. Le cas le plus récent est celui d’Ahmad Azhari, qui a été emprisonné pendant près de 9 mois pour avoir défendu les droits des paysans. Toutes ces institutions sont là pour aider les entreprises à développer leurs activités plutôt que pour sortir les gens de la pauvreté », a déclaré Zainal Arifin Fuad, dirigeant paysan national de Serikat Petani Indonesia (SPI).

« Il existe également un risque de cooptation et d’appropriation. Si vous prenez le cas de la réforme agraire, il y a eu plusieurs cas où la Banque mondiale et le FMI ont essayé de parler le langage de la lutte paysanne en soutenant la réforme agraire, mais il s’agit en fait de formes de réforme agraire liées au marché ou assistées par le marché, ce qui n’est pas ce que veulent les communautés paysannes », a ajouté M. Zainal.

Les organisations paysannes se sont engagées à dénoncer le rôle incriminé de la Banque mondiale et du FMI dans l’accroissement des inégalités, de la dépossession des terres et de la pauvreté, alors même que la réunion annuelle de ces organismes se tient cette semaine à Bali, à partir du 8 octobre.

La Via Campesina dénonce l’impunité avec laquelle ces politiques destructrices sont mises en œuvre par la Banque mondiale et le FMI. Nous poursuivrons notre campagne en faveur de la souveraineté alimentaire et de la libération de l’agriculture des négociations commerciales.

Informations de contact :
Zainal Arifin Fuad, SPI, Indonésie – +62812 8932 1398 – zainal@spi.or.id
Jeongyeol Kim, KWPA, Corée – +82 10 4811 7996 – kimj77689@gmail.com

Fiche d’information :
Communiqué de presse original