L’alimentation et l’agriculture à l’ordre du jour des négociations sur le climat de la COP28
SASKATOON, SK –Les négociations sur le climat de la COP28 des Nations unies sont en cours à Dubaï, aux Émirats arabes unis (EAU). Pour la première fois lors d’une réunion de la COP sur le climat, l’agriculture est au centre des préoccupations. Dans cette optique, le dimanche 10 décembre a été désigné « Journée de l’alimentation, de l’agriculture et de l’eau ».
La Nationale des Fermiers (UNF) du Canada est très préoccupée par l’approche en cours lors des réunions de la COP de l’ONU, notamment la COP28.
Bien que l’UNF se félicite de l’accent mis sur le soutien aux fermiers et autres pour réduire les émissions des systèmes alimentaires et renforcer l’adaptation, il est en même temps provocateur que, avec des émissions mondiales de combustibles fossiles proches d’un niveau record, et avec la COP28 dans l’État pétrolier des Émirats arabes unis et bondé de lobbyistes des combustibles fossiles, un accent majeur soit mis sur l’agriculture et l’alimentation plutôt que sur la réduction de l’utilisation des combustibles fossiles. Si nous devons travailler dur pour réduire les émissions des systèmes alimentaires, nous ne devons pas pour autant relâcher notre attention sur les combustibles fossiles. L’utilisation des combustibles fossiles est la principale cause de la crise climatique et doit toujours rester au centre des négociations de la COP.
Un deuxième problème lié à ces négociations et aux précédentes est l’accent mis sur les fausses solutions telles que les biocarburants, les compensations de carbone et les échanges d’émissions, ainsi que les prétentions des entreprises à parvenir à un bilan net nul. Les fausses solutions telles que les compensations ne sont que des échappatoires à la comptabilité des gaz à effet de serre – des réductions sur le papier seulement.
Le troisième problème est le manque d’ambition : il s’agit d’ajuster, voire d’ancrer, le statu quo plutôt que de poursuivre les approches transformatrices nécessaires pour parvenir à des émissions nettes nulles d’ici à 2050. Un exemple de ce manque d’ambition est la Déclaration des Émirats arabes unis sur l’agriculture durable, les systèmes alimentaires résilients et l’action climatique, adoptée le 1er décembre lors de la COP28, qui contient de belles paroles mais reste vague et ne mentionne guère la nécessité de réduire l’utilisation des combustibles fossiles dans le système alimentaire et dans d’autres domaines.
Contrairement aux demi-mesures et aux fausses solutions qui dominent la COP28, il existe des solutions réelles et efficaces. L’UNF estime que les solutions doivent être ambitieuses et transformatrices. Nous devons adopter de nouvelles approches de l’agriculture canadienne, telles que l’agroécologie (agroécosystèmes inspirés des écosystèmes naturels les plus productifs et les plus durables) et la souveraineté alimentaire (systèmes alimentaires contrôlés démocratiquement par les citoyens et fonctionnant dans leur intérêt à long terme).
Thorsten Arnold, un membre de l’UNF qui exploite une ferme près d’Owen Sound, en Ontario, a déclaré que « les systèmes agricoles et alimentaires actuels sont souvent motivés par le profit à court terme, contrôlés par les entreprises, mal orientés par de fausses solutions climatiques et l’écoblanchiment, et axés sur l’augmentation de la production et l’utilisation d’engrais et de produits chimiques qui en découle. Les systèmes actuels ne sont pas compatibles avec un monde à biodiversité nette zéro. Pour les remplacer, nous avons besoin de politiques et de programmes qui aident les fermières à s’aligner sur les limites de la planète. Nous devons changer de cap. Ce sera parfois difficile, mais aussi très gratifiant. En revanche, les conséquences du maintien du statu quo seront dévastatrices ».
M. Arnold a ajouté : « En plus d’être transformateurs et ambitieux, nos plans doivent être holistiques – nous devons résoudre de nombreux problèmes à la fois : régénérer les sols, freiner la concentration des terres agricoles et créer des voies d’accès à la terre pour les jeunes et les nouveaux fermiers, intégrer durablement les systèmes de culture et d’élevage et créer des systèmes alimentaires qui font progresser la santé, la justice, l’équité et la réconciliation ». La terre n’est pas seulement une source de profits ou d’émissions : c’est une source de vie et d’épanouissement humain. Plutôt qu’un raisonnement réductionniste, nous avons besoin de solutions holistiques telles que celles contenues dans le Rapport de l’UNF, Tackling the Farm Crisis and the Climate Crisis (Lutter contre la crise agricole et la crise climatique). »
Ann Slater, ancienne vice-présidente de l’UNF qui exploite une ferme près de St. Marys, en Ontario, a déclaré que « l’UNF et les organisations de fermiers et de paysans alliées dans le monde entier ont élaboré et formulé les solutions dont nous avons besoin. Le problème, c’est que les négociations de la COP de l’ONU, dominées par les intérêts des entreprises et détournées par de fausses solutions, ne font qu’entériner le statu quo. Au lieu de cela, nous avons besoin d’une gestion des terres spécifique à chaque lieu, d’un partage multilatéral des connaissances, de communautés fortes, de contrôles démocratiques, ainsi que d’une prise de conscience et d’un respect des limites planétaires. Nous avons besoin d’un changement systémique et à l’échelle de la société, ainsi que de la solidarité entre les fermiers, les paysans, les peuples autochtones, les travailleurs, les consommateurs, les décideurs politiques et tous les acteurs du système alimentaire. »
Depuis plus de vingt ans, l’UNF, dirigée par des fermiers, est à l’avant-garde des solutions politiques en matière de climat et d’émissions. Les travaux de l’UNF comprennent l’étude historique de 2019, Tackling the Farm Crisis and the Climate Crisis; la collaboration à la création de la coalition Farmers for Climate Solutions ; le travail international par l’intermédiaire de la Via Campesina ; la contribution au développement du programme On-Farm Climate Action Fund (OFCAF), la création d’analyses détaillées des émissions agricoles ; et la participation aux pourparlers en cours pour une stratégie d’agriculture durable. Les membres de l’UNF sont profondément engagés dans la recherche de solutions (par exemple, le rapport 2021 de l’UNF, Imagine If… A Vision of a Near-Zero-Emission Farm and Food System for Canada).
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Pour plus d’informations:
Ann Slater, ancienne VP de l’UNF et fermiere de la region de St. Mary’s (519) 349-2448 aslater@quadro.net
Thorsten Arnold, membre de l’UNF et fermier de la région d’Owen-Sound, thorsten.r.arnold@gmail.com
Darrin Qualman, directeur de Climate Crisis Policy & Action (306) 230-9115 qualman@nfu.ca