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Le bilan de Gerry Ritz ternit le Temple de la renommée

Le Premier ministre Harper a déclaré qu’il « rendrait le Canada méconnaissable ». Son ministre de l’agriculture, Gerry Ritz, a certainement contribué à rendre méconnaissables l’agriculture et l’alimentation canadiennes. Le bilan destructeur du ministre Ritz est éloquent. La Royal Agricultural Winter Fair de Toronto veut-elle vraiment ternir sa réputation en intronisant l’ancien ministre de l’agriculture Gerry Ritz (2007 – 2015) au Panthéon de l’agriculture du Canada ? Ne considérez qu’une petite partie de l’héritage destructeur du ministre Ritz.

Sous la direction de M. Ritz, plus de 15 % des fermières ont cessé leur activité. Les fermières ne sont plus que 193 000 et notre dette collective s’élève à plus de 102 milliards de dollars.

Peser les coûts et les bénéfices est fondamental pour une agriculture et une politique publique réussies, mais le ministre Ritz ne l’a pas fait pendant son mandat. Il est chargé de démanteler l’agence de commercialisation à guichet unique de la Commission canadienne du blé, dirigée par les fermiers. Il devait savoir que la CCB bénéficiait d’un fort soutien puisqu’il a refusé de donner le droit de vote aux fermiers. Il a ignoré les faits et l’histoire qui montrent à quel point la CCB a bien servi les intérêts des fermiers et du Canada dans son ensemble. La destruction de la CCB continue de coûter des milliards de dollars aux fermiers chaque année.

Le ministre Ritz a ensuite pris les nombreux actifs de la Commission canadienne du blé, y compris des milliers de wagons céréaliers, des immeubles de bureaux, des navires céréaliers et un montant substantiel de liquidités, et les a tous transférés à une coentreprise entre le gouvernement d’Arabie saoudite et la multinationale géante Bunge, selon des conditions encore secrètes. Tous ces millions de dollars d’actifs ont été payés par les fermiers, mais le ministre Ritz a tout de même dépensé des millions pour fermer la CCB, y compris l’argent des contribuables. Les fermières sont toujours devant les tribunaux pour obtenir la restitution de leur argent et de leurs biens. Les contribuables canadiens risquent de ne jamais recevoir de comptes en bonne et due forme.

Presque immédiatement après que Gerry Ritz a tué la CCB, nos clients premium ont commencé à se plaindre de problèmes de qualité et de livraison. Le blé des Prairies, qui se négociait autrefois systématiquement à un prix supérieur à celui du blé américain, se vend aujourd’hui à un prix nettement inférieur. La baisse des prix des céréales et les mauvaises relations avec les acheteurs finaux sont devenues la norme parce que les sociétés privées de silos ne peuvent pas rivaliser avec la CCB en matière de marketing. Depuis 2012, les fermières ont perdu une part croissante de la valeur de nos céréales au profit des entreprises de silos. Les entreprises utilisent cet argent supplémentaire pour financer des fusions et la construction excessive d’installations de manutention.

Grâce au ministre Ritz, le port de Churchill et la ligne de chemin de fer qui le dessert ne sont plus rentables, et Ottawa dépense maintenant l’argent des contribuables pour recoller les morceaux.

Gerry Ritz est également responsable de l’adoption de la législation UPOV 91 sur les droits de propriété intellectuelle, qui a augmenté le prix des semences et jeté les bases permettant aux multinationales de semences de percevoir des redevances sur nos récoltes.

M. Ritz a accéléré les coupes opérées par le gouvernement précédent dans les stations de recherche sur les cultures et la sélection végétale, en les cédant, ainsi que les droits sur les résultats de la recherche publique, à l’industrie agroalimentaire. Ces mesures ont pour effet d’alourdir encore les coûts supportés par des fermières dont les liquidités sont déjà limitées.

Les fournisseurs d’intrants et les acheteurs de produits de base ont été les grands gagnants du programme du ministre Ritz, tandis que le nombre de fermières et leur viabilité économique ont diminué. En quoi cela est-il bon pour l’avenir ? Sous la direction de Gerry Ritz, la réglementation canadienne en matière d’inspection des viandes a été affaiblie, ce qui a entraîné 22 décès dus à un empoisonnement à la listeria. M. Ritz n’a pas pris cet événement tragique au sérieux, il a plutôt tourné la situation en dérision, plaisantant sur les décès et dégradant même le dialogue public en suggérant qu’il aurait souhaité que le résident de l’Île-du-Prince-Édouard qui est décédé soit le député libéral Wayne Easter.

Le ministre Ritz s’est attaqué aux moyens de subsistance des fermières et a entravé la capacité du Canada à lutter contre le changement climatique en supprimant le programme des pâturages communautaires de l’ARAP, en dépit de son succès de plusieurs décennies dans la recherche sur les sols, la fourniture d’arbres brise-vent, les connaissances en matière de gestion de l’eau et la préservation des prairies naturelles.

N’oublions pas que le ministre Ritz a modifié les programmes de filet de sécurité agricole Ag Stability et Ag Invest, les rendant beaucoup moins utiles aux fermières.

Les concessions majeures qu’il a faites dans l’accord commercial du Partenariat transpacifique démontrent qu’il n’avait que peu de respect ou de compréhension pour la façon dont notre système de gestion de l’offre profite aux fermières, aux transformateurs et aux consommateurs. Le ministre Ritz a hérité d’un système dans lequel la quasi-totalité des produits laitiers, des œufs et de la volaille provenaient de fermières canadiennes et, lorsqu’il est parti, la gestion de l’offre était très affaiblie.

Le Panthéon canadien de l’agriculture n’a pas le prestige d’un prix Nobel, mais il devrait s’efforcer de faire beaucoup mieux. Peut-être qu’un prix « Hall of Infamy » conviendrait mieux à Gerry Ritz en reconnaissance des dommages qu’il a causés à l’agriculture canadienne et aux fermiers canadiens.

Ian Robson
About the author

Ian Robson

Ian Robson has been a member of the NFU since finishing Agriculture Diploma at University in 1977. He is currently Region 5 Coordinator. He farms with his wife Lois and two daughters at Deleau Manitoba. They raise wheat, canola, and Polled Hereford cattle.

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