Le processus de règlement des différends entre investisseurs et États de l’AECG est « antidémocratique, inutile et injuste », déclare l’UNF.
SASKATOON-The fait partie des organisations syndicales, environnementales, autochtones, féminines, universitaires, du secteur de la santé et du commerce équitable représentant plus de 65 millions de personnes des deux côtés de l’Atlantique qui ont signé une déclaration commune exigeant que le Canada et l’UE cessent de négocier un chapitre excessif et controversé sur les droits des investisseurs dans le projet d’Accord économique et commercial global (AECG).
La déclaration transatlantique s’opposant aux droits excessifs des entreprises (règlement des différends entre investisseurs et États) dans l’accord économique et commercial global (AECG) entre l’UE et le Canada expose six raisons primordiales de notre opposition collective à ce processus de règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE) :
- L’ISDS affaiblit la démocratie.
- Les systèmes juridiques européen et canadien sont tout à fait capables de traiter les litiges entre investisseurs et gouvernements en cas de faute grave ou de rupture de contrat.
- L’ISDS oblige les contribuables à payer pour les réglementations de leurs gouvernements en matière de santé publique, d’environnement et autres.
- Le chapitre sur l’investissement de l’AECG ignore les leçons que le Canada aurait dû tirer depuis l’ALENA, ainsi que les demandes d’équilibre du Parlement européen.
- L’arbitrage investisseur-État n’a pas de comptes à rendre et est sujet à la partialité des entreprises.
- Il existe peu de preuves que l’ISDS encourage les investissements entrants ou sortants.
Les raisons susmentionnées sont développées plus en détail dans la déclaration. Toutefois, on peut les résumer en disant que les procédures de règlement des différends entre investisseurs et États sont antidémocratiques, inutiles et injustes.
« Le gouvernement canadien négocie l’AECG à huis clos depuis 2009. Tout en utilisant publiquement le langage du commerce, l’AECG est en fait un contrat international contraignant qui, s’il est signé, limitera les pouvoirs des gouvernements élus en leur retirant des compétences substantielles sur des responsabilités publiques clés aux niveaux fédéral, provincial et municipal « , a déclaré Ann Slater, Coordinatrice de la région 3. « Il soumettrait le pouvoir légitime des gouvernements aux exigences des sociétés transnationales qui placent leur propre rentabilité et leur part de marché au-dessus des intérêts des personnes qui vivent dans nos pays respectifs.
La procédure de règlement des différends entre investisseurs et États est une méthode essentielle pour faire respecter le contrat. Il s’agit d’un processus qui existe en dehors de notre système judiciaire et qui n’est pas responsable devant le public canadien. Les litiges seraient réglés par un comité désigné, en secret, et si l’entreprise obtient gain de cause, le gouvernement serait tenu de verser une compensation pour les pertes de bénéfices futures considérées comme résultant de la législation ou de la réglementation en question.
« Si un processus de règlement des différends entre investisseurs et États est inclus dans l’AECG, les gouvernements hésiteront certainement à prendre toute mesure susceptible d’entraîner un différend et une amende subséquente », a déclaré Terry Boehm, président de . « La population pourrait encore voter, mais les entreprises auraient le dernier mot.
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Pour plus d’informations :
Ann Slater, Coordinatrice de la région 3 : Téléphone : (519) 349-2448 ou courriel : aslater@quadro.net
Terry Boehm, Président : Téléphone : 011 33 1 44 84 72 50 (Paris) ou Courriel : 011 33 1 44 84 72 50 (Paris) ou Email : centaur2@sasktel.net
Voir Réseau pour la justice dans le commerce ou lisez le texte intégral de la déclaration commune ci-dessous
Déclaration transatlantique s’opposant aux droits excessifs des entreprises (règlement des différends entre investisseurs et États) dans l’accord économique et commercial global (AECG) entre l’UE et le Canada.
5 février 2013
Les organisations européennes, canadiennes et québécoises soussignées s’opposent fermement à l’inclusion d’un chapitre sur la protection des investissements et d’un processus de règlement des différends entre investisseurs et États (ISDS) excessifs dans l’Accord économique et commercial global (AECG) pour les raisons suivantes :
1. L’ISDS affaiblit la démocratie: La procédure de règlement des différends crée un système juridique parallèle qui est exclusivement à la disposition des investisseurs étrangers et des sociétés multinationales. Ces investisseurs invoquent de plus en plus souvent les droits excessifs que leur confèrent les traités bilatéraux d’investissement et les accords de libre-échange pour contester des mesures gouvernementales légitimes, légales et non discriminatoires. Aucun autre droit – humain, autochtone, écologique, etc. – sont appliquées de manière aussi efficace. Les gouvernements n’ont pas de droits comparables pour tenir les entreprises responsables de leurs activités. En fait, la capacité de le faire est minée par l’ISDS et des accords tels que l’AECG, qui vivrait comme un zombie pendant 20 ans, même si le Canada ou l’UE annulait l’accord à l’avenir. Pour ces raisons et d’autres encore, le gouvernement australien refuse de négocier des traités bilatéraux d’investissement qui contiennent une procédure ISDS, et plusieurs pays d’Amérique latine annulent leurs traités avec les pays développés.
2. Les systèmes juridiques européen et canadien sont tout à fait capables de traiter les litiges entre investisseurs et gouvernements en cas de faute grave ou de rupture de contrat: l’ISDS était à l’origine destiné à garantir un certain degré de sécurité aux investisseurs dans les pays où le système juridique local était considéré comme corrompu ou incapable de produire des résultats équitables. Ce n’est le cas ni dans l’UE ni au Canada – un fait reconnu par le Parlement européen dans sa résolution de 2011 sur les négociations de l’AECG, qui propose qu’un processus de règlement des différends d’État à État soit préférable à l’ISDS. Les tribunaux européens et canadiens ont la responsabilité de mettre en balance les intérêts des entreprises et l’intérêt public. Cet équilibre n’existe pas dans les traités d’investissement ni dans la procédure ISDS.
3. L’ISDS oblige les contribuables à payer pour les réglementations de leurs gouvernements en matière de santé publique, d’environnement et autres: L’AECG risque de supprimer ou d’affaiblir le soi-disant droit de réglementer des gouvernements européens et canadiens. Au lieu de cela, les protections des investissements proposées pour l’AECG pourraient exiger des contribuables canadiens et européens qu’ils dédommagent les investisseurs lorsqu’il s’avère qu’une loi, une réglementation, une politique ou un programme public entraîne une perte ou une réduction des opportunités d’investissement ou de profit pour l’investisseur. Par exemple, une entreprise énergétique américaine utilise les droits des investisseurs et l’ISDS dans le cadre de l’ALENA pour contester l’interdiction du processus de fracturation hydraulique (« fracking ») pour le pétrole et le gaz au Québec, qui est néfaste pour l’environnement, et demande 250 millions de dollars au gouvernement canadien. En Allemagne, une entreprise suédoise du secteur de l’énergie a soumis le projet d’abandon progressif de l’énergie nucléaire à un arbitrage investisseur-État en vertu des règles du traité sur la charte de l’énergie, demandant une compensation de 3,7 milliards d’euros. Et dans l’affaire la plus notoire, un cigarettier américain utilise un traité bilatéral d’investissement entre Hong Kong et l’Australie pour contester le droit de l’Australie à introduire des lois sur les emballages neutres, une mesure de santé publique légitime adoptée dans de nombreux pays.
4. Le chapitre sur l’investissement de l’AECG ignore les leçons que le Canada aurait dû tirer depuis l’ALENA, ainsi que les demandes d’équilibre du Parlement européen: Une version de décembre du chapitre sur l’investissement de l’AECG qui a fait l’objet d’une fuite suggère que la Commission européenne souhaite que le Canada renonce à des dispositions importantes que le Canada a intégrées dans ses traités d’investissement post-ALENA afin d’assurer une certaine protection de l’intérêt public. Par exemple, si les propositions de l’UE sont acceptées, le traité n’exemptera pas les mesures de bonne foi et non discriminatoires visant à protéger la santé publique, la sécurité et l’environnement des interdictions contre l’expropriation dite indirecte. De même, l’UE ne souhaite pas lier l’obligation de traitement juste et équitable à la norme minimale de droit international coutumier en matière de traitement des étrangers, comme le font désormais régulièrement le Canada, les États-Unis et un nombre croissant d’autres pays. Les dispositions relatives à l’expropriation réglementaire et au traitement juste et équitable sont deux des clauses les plus utilisées et abusées dans les traités d’investissement et dans le chapitre sur l’investissement de l’ALENA. Dans sa résolution de 2011 sur la politique d’investissement de l’UE, le Parlement européen a demandé à la Commission de protéger le droit de réglementer. Les propositions de l’UE dans le cadre de l’AECG ne répondent pas à cet appel.
5. L’arbitrage entre investisseurs et États n’a pas de comptes à rendre et est sujet à la partialité des entreprises: La forte augmentation des litiges entre investisseurs et États au cours des cinq dernières années est alimentée par les cabinets d’avocats et les arbitres internationaux, qui gagnent des millions en contestant les politiques gouvernementales dans le cadre d’un système juridique parallèle opaque. Ces intérêts particuliers promeuvent activement de nouvelles affaires, de nouveaux traités d’investissement comme l’AECG, et font pression contre la réforme de l’ISDS dans l’intérêt public. Les arbitres disposent d’une marge de manœuvre beaucoup trop importante pour interpréter ce qui constitue un traitement juste et équitable ou une expropriation réglementaire (indirecte) selon les termes des traités d’investissement. Les faits montrent qu’ils sont enclins à statuer de manière extensive dans l’intérêt des plaignants (investisseurs), ce qui a pour effet d’encourager la multiplication des affaires à l’avenir.
6. Il existe peu de preuves que l’ISDS encourage les investissements entrants ou sortants: Si certaines études économétriques montrent que les traités d’investissement attirent effectivement les investissements, d’autres ne constatent aucun effet. La recherche qualitative suggère que les traités ne sont pas un facteur décisif dans la décision des investisseurs d’aller à l’étranger. Même les évaluations environnementales réalisées par le gouvernement canadien sur ses récents traités d’investissement affirment qu’ils n’entraînent pas d’augmentation des investissements étrangers. S’appuyant sur l’absence d’avantages économiques et sur les preuves que les traités d’investissement présentent des risques pour les mesures environnementales, une évaluation de l’impact de l’AECG sur le développement durable a exhorté l’Union européenne à ne pas inclure l’ISDS dans l’accord. Comme le Parlement européen, ce rapport indépendant de la Commission européenne suggère qu’une procédure de règlement des différends d’État à État est plus appropriée dans le contexte de l’UE et du Canada.
Les organisations suivantes exigent donc que l’UE et le Canada cessent de négocier les droits des investisseurs et un processus de règlement des différends entre investisseurs et États dans l’AECG. Nous nous opposerons vigoureusement à tout accord transatlantique qui compromettrait nos démocraties, les droits de l’homme et les droits des peuples autochtones, ainsi que notre droit à protéger notre santé et la planète. Nous demandons instamment aux gouvernements de l’UE et du Canada de suivre l’exemple du gouvernement australien en cessant d’inclure l’ISDS dans leurs accords commerciaux et d’investissement, et d’ouvrir la porte à une vaste réécriture de la politique commerciale et d’investissement afin d’équilibrer les intérêts des entreprises par rapport à l’intérêt général.