Le rôle du commissaire adjoint mal compris par le gouvernement
La modification de la loi sur les grains du Canada et de son enfant, la Commission canadienne des grains, fait l’objet de discussions depuis un certain temps. Il y a plus d’un an, une société de conseil ontarienne, Compas Inc., a été chargée par le gouvernement fédéral d’examiner la loi et de recommander des modifications. Compas a tenu des audiences peu fréquentées dans les Prairies et a publié son rapport controversé en août 2006.
Par la suite, la commission permanente de l’agriculture et de l’agroalimentaire s’est penchée sur le rapport Compas et a publié ses propres recommandations, qui reflétaient étroitement celles de Compas. La semaine dernière, le ministre fédéral de l’agriculture a répondu au rapport du comité permanent.
Bien que le ministre soit resté timide sur de nombreux aspects des recommandations du Compas (« le gouvernement examinera attentivement les idées contenues dans le rapport du SCAAF »), il a indiqué qu’il soutenait plusieurs d’entre elles. L’une des recommandations les plus importantes et les plus controversées de Compas et du comité permanent était de se débarrasser du système de distinction visuelle des grains (DVG) pour l’identification des classes de blé.
Cette recommandation a reçu le soutien de nombreux chercheurs et groupes agricoles, mais d’autres ont appelé à la prudence. Se débarrasser de KVD dépend de deux choses. La première est une avancée technologique qui permettrait une identification rapide et facile des variétés de céréales. La seconde consisterait à se fier aux déclarations des fermiers concernant la variété de céréales qu’ils cultivent.
La première condition, la « boîte noire » qui permettrait d’identifier les variétés de céréales, fait l’objet d’intenses recherches depuis un certain temps, avec un succès limité. Elle est si limitée que certains observateurs de l’industrie la qualifient de « Saint Graal » de la commercialisation des céréales. Comme le légendaire Graal, cette technologie est très recherchée et totalement insaisissable. L’échéance de 2010 fixée par le gouvernement pour mettre fin à la DVG risque de relever de l’utopie.
Dans l’agitation autour de KVD, un autre élément important de la question de la CCG ne reçoit que peu d’attention. Il s’agit de la recommandation de Compas de supprimer les postes de commissaires adjoints à la CCG et de les remplacer par un bureau distinct de défense des intérêts des fermiers céréaliers. Compas a décrit le mandat de ce bureau comme étant de « veiller à ce que les fermières comprennent leurs droits en vertu de la loi et de les défendre en cas de litiges avec les manutentionnaires, la CCG ou d’autres parties prenantes ».
Les six commissaires adjoints ont un rôle unique. Bien qu’ils fassent partie de la CCG, ils sont nommés par le gouvernement en place. Ils rendent compte aux commissaires de la CCG, mais ne peuvent être engagés ou licenciés par les dirigeants de la CCG. Cette position unique leur donne une grande liberté dans l’exercice de leur métier. Les fermières qui se sentent maltraitées par les sociétés céréalières sont celles qui font le plus souvent appel à leurs services, et même si la plupart des fermières n’auront peut-être jamais l’occasion de faire appel à leur commissaire adjoint, j’en connais beaucoup qui témoigneraient de la valeur de l’aide qu’elles ont reçue.
Les fermières se sentent souvent impuissantes face aux sociétés céréalières. Souvent, ils ne connaissent pas leurs droits et ne savent pas comment se protéger. Les commissaires adjoints ont pour rôle d’atténuer le déséquilibre de pouvoir qui existe entre les fermières et les sociétés céréalières. Compas semble reconnaître la nécessité de ce rôle, même si ses recommandations à cet égard ne sont pas parfaites.
Le ministre de l’agriculture, quant à lui, semble ignorer la valeur des commissaires adjoints. Il a refusé de pourvoir les postes vacants dans cette fonction et semble ne pas comprendre la valeur du « Bureau de défense des intérêts des fermiers céréaliers » tel que recommandé par Compas et soutenu par le Comité permanent. Il a répondu à la commission qu’il n’était « pas clair comment un bureau de défense financé par le gouvernement coexisterait avec les organisations agricoles générales existantes qui défendent les intérêts des producteurs de céréales et d’autres fermières ».
Ce n’est pas clair, je pense, seulement pour le ministre et ceux qui le conseillent. Pour être utile, le Bureau de défense des intérêts des fermiers céréaliers envisagé par le Comité permanent et Compas aurait un rôle similaire à celui des commissaires adjoints. En d’autres termes, elle aurait le pouvoir d’enquêter sur les litiges entre les fermières et les sociétés céréalières, et d’accéder aux données et aux informations nécessaires pour contraindre les parties à respecter leurs obligations en vertu de la loi. Cela n’a rien à voir avec le type de travail de défense et de politique effectué par les organisations agricoles, qui commentent rarement des plaintes spécifiques et n’ont pas le pouvoir d’accéder aux données et aux rapports de la CCG.
L’incapacité du ministre à comprendre la nécessité de ce rôle est plus importante que vous ne le pensez. Cela signifie qu’il ne comprend pas que les agriculteurs manquent de ressources et de pouvoir pour affronter les sociétés céréalières, qui, en cas de litige, malmènent souvent le fermier qui ne peut pas se défendre de manière adéquate. Cela signifie également qu’il ne comprend pas la nature des relations d’affaires dans lesquelles une partie possède beaucoup plus de connaissances et de pouvoir qu’une autre. En bref, il ne comprend pas l’industrie céréalière et les raisons mêmes pour lesquelles la CCG a été créée.