L’UNF demande au ministre d’annuler les orientations de Santé Canada concernant le règlement sur les nouveaux aliments
L’UNF a envoyé la lettre suivante à la ministre de la Santé, Mme Duclos, le 7 juin 2022 :
Monsieur le Ministre Duclos,
Objet : Conflit entre le règlement de la loi sur les aliments et drogues et les orientations finales de Santé Canada concernant le règlement sur les nouveaux aliments
En mai 2021, lorsque la Nationale des Fermiers a soumis ses commentaires à la consultation publique de Santé Canada sur sa proposition de nouvelles orientations pour le règlement sur les nouveaux aliments, nous avons exprimé notre vive inquiétude quant au fait que les orientations proposées ne relevaient pas de l’autorité du ministère. Les orientations réglementaires sont un outil utilisé pour interpréter les règlements afin d’aider les parties réglementaires à se conformer, et doivent rester dans les limites du règlement lui-même. Cette question n’a pas été résolue avant que Santé Canada ne publie la directive finale le 18 mai 2022.
La « nouveauté » est l’élément déclencheur de l’obligation de soumettre les plantes à caractères nouveaux (VCN) à une évaluation de sécurité par Santé Canada. Comme dans la version proposée, les orientations finales récemment annoncées exemptent certains produits du génie génétique de l’obligation de notification préalable à la mise sur le marché imposée par Santé Canada.
Dans notre mémoire, nous avons cité le titre 28 de la partie B du règlement sur les aliments et drogues, qui inclut dans sa définition de la « nouveauté » les termes suivants :
(c) une denrée alimentaire dérivée d’une plante, d’un animal ou d’un micro-organisme qui a été génétiquement modifié de telle sorte que
(i) le végétal, l’animal ou le micro-organisme présente des caractéristiques qui n’avaient pas été observées auparavant chez ce végétal, cet animal ou ce micro-organisme,
(ii) le végétal, l’animal ou le micro-organisme ne présente plus les caractéristiques précédemment observées chez ce végétal, cet animal ou ce micro-organisme, ou
(iii) un ou plusieurs caractères du végétal, de l’animal ou du micro-organisme ne se situent plus dans la fourchette prévue pour ce végétal, cet animal ou ce micro-organisme.(aliment nouveau)
La définition de « modifier génétiquement » figurant dans le règlement est la suivante : « modifier les caractères héréditaires d’une plante, d’un animal ou d’un micro-organisme au moyen d’une manipulation intentionnelle.(genetically modify) »
Dans nos observations, nous avons noté que le titre 28 de la partie B du règlement sur les aliments et drogues définit le terme « nouveau » comme incluant toutes les plantes génétiquement modifiées qui n’ont pas d’antécédents d’utilisation sûre, et que Santé Canada comprend que l’édition de gènes est une nouvelle technologie puissante qui peut modifier les génomes des plantes de manière significative, ce qui n’est pas possible en utilisant les méthodes traditionnelles de sélection des plantes. Pourtant, dans les orientations réglementaires, Santé Canada restreint la définition de « nouveauté » pour exclure les produits de l’édition du génome qui ne laissent pas d’ADN étranger. Dans notre mémoire, nous avons déclaré : « La justification fournie par Santé Canada pour cette interprétation restreinte de la notion de nouveauté est basée sur des hypothèses et des arguments, et non sur des preuves scientifiques empiriques. En tant que telles, les orientations proposées semblent donc contredire de manière inappropriée l’intention du règlement lorsque le titre 28 : Nouveaux aliments a été adopté par décret ».
Notre inquiétude a été confirmée par la déclaration de Santé Canada à la suite de la publication de son guide finalisé, lorsqu’il a annoncé son intention de procéder à des modifications de la réglementation afin de la mettre en conformité avec le guide. Santé Canada déclare également qu’avant et pendant le processus de modification de la réglementation, il a l’intention de mettre en œuvre les orientations nouvellement annoncées.
Santé Canada reconnaît que les orientations réglementaires ne sont pas cohérentes avec le règlement, que cette lacune est grave et qu’elle doit être comblée, mais dans l’intervalle, il agira en dehors du règlement.
Nous en concluons donc que Santé Canada a l’intention d’autoriser les entreprises à mettre sur le marché et dans notre approvisionnement alimentaire des produits issus de l’édition de gènes qui peuvent être abusivement définis comme « non nouveaux », sans notification préalable à la mise sur le marché.
Entre-temps, de nouvelles données scientifiques sont rapidement publiées et prouvent que l’édition de gènes est qualitativement différente de la sélection végétale conventionnelle. Il n’y a plus de raison de l’exempter de la réglementation en le considérant comme « non nouveau » s’il ne contient pas d’ADN étranger.
En tant que ministre, vous avez le devoir de protéger et d’informer les Canadiens sur les questions de santé, et vous avez le devoir, en tant que ministre de la Couronne, de défendre les valeurs démocratiques. Une orientation réglementaire est un instrument qui doit rester dans le cadre de l’autorité du règlement approuvé par le Cabinet. Une interprétation qui dépasse les limites du règlement lui-même crée une situation où la bureaucratie outrepasse son rôle et usurpe l’autorité du Cabinet. En tant que ministre, nous vous demandons d’empêcher votre département d’adopter une ligne de conduite contraire à nos traditions démocratiques. Nous vous demandons donc instamment d’annuler les « orientations finales pour le règlement sur les nouveaux aliments » annoncées.
Nous attendons avec impatience votre réponse rapide à cette grave question.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments distingués,
Katie Ward
Président de la Nationale des Fermiers Union