Brief by the , février 2013
Résumé du mémoire :
Cultivons l’avenir 2 (GF2) est le cadre quinquennal fédéral-provincial-territorial de la politique agricole à frais partagés du Canada, qui sera en vigueur d’avril 2013 à la fin mars 2018. Les objectifs du GF2 ont été définis et approuvés par tous les ministres de l’agriculture (à l’exception de l’Ontario) en juillet 2011.
Le GF2 comprend une suite de « gestion des risques d’entreprise », également connue sous le nom de programmes « filet de sécurité » (voir BRM Recommendations ), qui a été annoncée en septembre 2012. Les fonds de la suite « Investissement stratégique » seront alloués pour atteindre la « compétitivité sur les marchés nationaux et internationaux » et « l’adaptabilité et la durabilité du secteur » en utilisant l’innovation et l’infrastructure institutionnelle et physique. Deux milliards de dollars de fonds fédéraux sur cinq ans seront partagés à 60-40 entre les gouvernements fédéral et provinciaux/territoriaux. Les accords bilatéraux pour la partie Initiatives stratégiques du GF2 sont en cours de négociation entre chaque province ou territoire et le gouvernement fédéral, et devraient être finalisés d’ici le 1er avril 2013.
Le site a analysé le volet « Initiatives stratégiques » du GF2 et nous avons constaté qu’il poursuit et approfondit l’engagement du gouvernement fédéral en faveur d’objectifs politiques qui favorisent la mondialisation et le contrôle de l’agriculture par les entreprises tout en marginalisant les fermières, les consommateurs et la terre – un processus qui est en cours au moins depuis 1981. Étant donné que l’accord final du GF2 entre le gouvernement fédéral et chaque province n’a pas encore été rendu public, il a été nécessaire d’adopter une approche « à grands traits » pour analyser le cadre politique.
Les fonds destinés à la compétitivité et au développement des marchés favoriseront les activités orientées vers l’exportation et accentueront le déséquilibre du pouvoir de marché entre les fermières et les entreprises agroalimentaires. L’accent mis sur la « compétitivité » aidera les plus grandes entreprises à devenir encore plus grandes afin d’être compétitives au niveau international, tandis que les plus petites entreprises perdront des parts de marché et que les fermières devront assumer davantage de coûts et de risques tout en étant poussées à réduire davantage les prix. Nous constatons que la recherche de la compétitivité s’est traduite par des fusions et des acquisitions (par opposition à l’investissement dans de nouvelles capacités), de sorte que de vastes secteurs du système alimentaire canadien sont désormais détenus par des sociétés étrangères.
Les fonds d’innovation ne seront disponibles que pour les activités résultant de partenariats public-privé. Il ne fait guère de doute que les fonds soutiendront des programmes de recherche qui seront contrôlés par des intérêts privés pour des gains privés, l’accent étant mis sur les produits commercialisables. Le GF2 n’apporte aucun soutien à la recherche d’intérêt public fondée sur la curiosité. La stratégie d’innovation met également les institutions publiques, telles que les universités et le Conseil national de la recherche, au service du secteur des entreprises. Nous soulignons les effets négatifs de l’innovation dans le domaine des OGM, qui ont nui aux marchés et réduit les prix pour les fermières. Nous suggérons que l’évaluation internationale des connaissances, des sciences et des technologies agricoles pour le développement, une approche multithématique qui englobe la sécurité nutritionnelle, les moyens de subsistance, la santé humaine et la durabilité environnementale, constitue un meilleur modèle pour guider la politique en matière d’innovation. (Voir http://www.agassessment.org)
Les fonds destinés à l’adaptabilité et à la capacité industrielle soutiendront l’harmonisation réglementaire avec les États-Unis et d’autres partenaires commerciaux. Elle offrira un environnement réglementaire favorable aux entreprises mondiales et imposera des responsabilités et des coûts accrus aux fermières. Le GF2 accélère la privatisation de la gouvernance en matière de sécurité alimentaire et concentre la prise de décision en matière d’alimentation et d’agriculture dans les conseils d’administration des sociétés agro-industrielles. L’initiative GF2 semble avoir supprimé le populaire programme de plan environnemental de l’agriculture. Les nouveaux programmes environnementaux seront de type descendant, les priorités étant fixées par Ottawa. Le GF2 ne répond pas aux besoins importants des jeunes fermières qui choisissent de ne pas s’engager dans la voie de l’endettement à long terme à forte intensité d’intrants et de capital, et ne s’occupe donc pas du renouvellement, un élément clé de la durabilité.
Le GF2 est intimement lié aux accords commerciaux – il répond aux conditions créées par les accords commerciaux tels que l’AECG et met en œuvre les mesures convenues dans ces accords. Le site note que lors des consultations publiques qui ont précédé le GF2, de nombreuses personnes ont demandé que des changements importants soient apportés au système alimentaire afin de mieux promouvoir la santé, la justice économique et la gestion de l’environnement. Leur contribution a été largement ignorée et leurs valeurs ont été recadrées comme des opportunités de marché de niche.
Nous concluons notre mémoire en recommandant une réorientation de la stratégie agricole fédérale-provinciale-territoriale. Si le Canada consacrait plutôt ces fonds à des politiques fondées sur la souveraineté alimentaire et le commerce équitable, nous créerions au Canada un système agricole et alimentaire plus interdépendant, plus écologique, plus inventif et plus réactif – un système gouverné démocratiquement par les citoyens qui vivent et travaillent ici.