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Réponse de l’UNF aux modifications proposées à la loi sur les grains du Canada en ce qui concerne la Commission canadienne des grains

The () se réjouit de l’occasion qui lui est donnée de réagir aux changements proposés à la Loi sur les grains du Canada qui auraient une incidence sur la Commission canadienne des grains et, en fin de compte, sur les producteurs de grains. Le site est la plus grande organisation démocratique nationale à adhésion directe et volontaire du Canada. Elle est financée presque entièrement par les cotisations et les dons des membres. Le site est composé de membres de tout le pays, dont beaucoup sont des producteurs de céréales. Le site œuvre en faveur de la justice économique et sociale pour les fermières familiales.

La Commission canadienne des grains (CCG) célèbre cette année son 100e anniversaire ainsi que la Loi sur les grains du Canada. La CCG a été une institution extrêmement importante pour les producteurs de céréales du Canada tout au long de cette période. Son importance reste intacte à l’heure actuelle et il n’y a aucune raison de penser que cela changera à l’avenir, sauf bien sûr si des changements sont apportés qui détruisent la raison d’être de son existence. Le danger est bien réel si les changements envisagés sont mis en œuvre.

La CCG est le résultat d’une longue agitation de la part des producteurs de céréales des Prairies qui étaient régulièrement trompés sur les grades, les impuretés et les poids de leurs céréales. Ils étaient également désavantagés par le favoritisme et les conditions discriminatoires quant à l’accès aux ascenseurs et aux services de transport ferroviaire. Les fermiers, en tant qu’individus, avaient peu de pouvoir face aux compagnies céréalières et ferroviaires oligopolistiques. Ils ont compris qu’ils avaient besoin d’une agence indépendante pour agir dans leur intérêt afin d’équilibrer les énormes différences de pouvoir qui existaient entre eux et les compagnies céréalières et les chemins de fer mentionnés précédemment. Ils avaient besoin d’une institution qui réglemente le commerce des céréales et dont les décisions soient contraignantes à la fois pour le commerce et pour les fermières.

La gouvernance de la CCG a été très soigneusement élaborée pour équilibrer les pouvoirs au sein de l’institution elle-même et pour s’assurer qu’elle serait relativement libre de toute ingérence politique de la part des gouvernements. La structure de trois commissaires a été créée pour régler les éventuels différends à la tête de l’organisation par décision majoritaire et pour veiller à ce que la Commission ne soit pas entraînée dans des directions qui portent préjudice aux fermières ou pour lesquelles elle n’est pas prévue. La durée du mandat est plus longue (7 ans) que celle du mandat du gouvernement afin d’éviter la menace de révocation à chaque changement de gouvernement. La source de financement des commissaires ne relève pas non plus du ministère de l’agriculture afin d’éviter toute interférence du ministre (ils sont payés par l’administration de la fonction publique). En outre, pour veiller à ce que les trois commissaires principaux remplissent leurs fonctions, six commissaires adjoints ont été nommés. Ils étaient rémunérés séparément de la Commission et disposaient donc de l’indépendance nécessaire pour soulever des questions si les commissaires principaux agissaient en dehors du mandat de la CCG ou d’une autre manière préjudiciable. C’est parce que l’importance du traitement équitable des céréales et des producteurs de céréales pour l’économie du Canada est, et était, largement reconnue que cet équilibre des pouvoirs au sein de l’institution elle-même a été soigneusement intégré. Il était également notoire que le financement intégral de la CCG par les deniers publics rapportait d’importants dividendes à l’ensemble du pays.


Le site recommande que les commissaires adjoints soient rétablis et pleinement financés afin qu’ils puissent jouer le rôle important qui est le leur au sein de la CCG et en tant que représentants des fermières lorsqu’elles rencontrent des difficultés avec les systèmes céréaliers et ferroviaires.
De nombreux exemples montrent qu’ils ont rempli ce rôle, non seulement au profit des producteurs de céréales, mais aussi pour le bon fonctionnement du système de manutention et de transport des céréales dans son ensemble.
Le site recommande également que le gouvernement du Canada finance à nouveau intégralement les activités de la CCG.

La proposition de remplacer les commissaires par un directeur général/président ignore la structure de gouvernance prudente que nous avons brièvement décrite ci-dessus. Elle permettrait l’ingérence et l’influence sans contrepoids. Elle établira également un modèle pour la privatisation éventuelle de la CCG en ignorant la fonction de bien public de la CCG.

L’un des éléments les plus importants de la Loi sur les grains du Canada est l’article 13, qui définit le mandat et l’objectif de la CCG. Elle se lit comme suit :

Objectifs de la Commission

13. Sous réserve des dispositions de la présente loi et des instructions qui lui sont données par le gouverneur en conseil ou le ministre, la Commission établit et maintient, dans l’intérêt des producteurs de grains, des normes de qualité pour les grains canadiens et réglemente la manutention des grains au Canada, afin d’assurer la fiabilité des produits destinés aux marchés intérieurs et d’exportation.

La proposition vise à clarifier le mandat en précisant que la CCG « agit dans l’intérêt de l’ensemble du pays, y compris des producteurs de céréales ». Ce serait une erreur fondamentale et profonde de modifier le mandat de la CCG pour qu’elle agisse dans l’intérêt du pays dans son ensemble.

La proposition semble bénigne et même démocratique en soi, mais elle détruirait la raison d’être et la portée de la CCG. Cela mettrait la CCG dans une position où elle ne pourrait pas faire la différence entre les producteurs de céréales et les sociétés céréalières, les chemins de fer et la myriade d’autres intérêts dans le système alimentaire. Ces intérêts sont souvent conflictuels et contradictoires. L’intérêt du fermier, par exemple, est de recevoir le prix le plus élevé possible pour la qualité des céréales qu’il propose à la vente. Il est dans l’intérêt de la société céréalière de payer le prix le plus bas possible pour les céréales. L’entreprise peut y parvenir en rendant les grades de céréales très difficiles à atteindre pour la fermiere ou en n’achetant tout simplement pas les céréales pour leur grade et leur qualité appropriés, en déclarant qu’elle n’a pas de demande pour cette qualité mais qu’elle l’achètera toutefois pour un grade et un prix inférieurs. C’est exactement ce qui s’est passé dans le passé, lorsque des silos de collecte achetaient du blé à la campagne en le qualifiant de numéro 2 ou 3, mais que, miraculeusement, lors des audits, plus d’un million de boisseaux de numéro 1 apparaissaient dans les terminaux de ces mêmes sociétés ou dans les silos portuaires pour être vendus. Le système de la CCG a éliminé cette possibilité en agissant dans l’intérêt des fermiers en leur donnant le droit de faire classer leurs céréales de manière indépendante, avec des résultats contraignants pour les sociétés comme pour les fermiers.

La CCG s’efforce également de maximiser les possibilités de classement pour toute récolte où des problèmes particuliers de production peuvent apparaître, tels que le blanchiment dû à un excès d’humidité au moment de la récolte, en ajustant les tolérances de classement en fonction des besoins des fermières, car elle sait qu’il y aura des mélanges qui amélioreront l’ensemble de la récolte de la région des prairies. Cela est possible parce que la région est vaste et qu’il n’y a presque jamais de période où toutes les cultures de la région rencontrent des problèmes. Les compagnies céréalières voudraient que le classement soit strictement défini pour les fermières afin de pouvoir absolument minimiser le prix qu’elles paient aux fermières ayant des difficultés et de s’approprier tous les avantages de la revalorisation par le mélange. Ce n’est là qu’un exemple de conflit entre les intérêts des fermiers et ceux des entreprises céréalières. Comment la CCG se comporterait-elle avec un mandat qui ne l’obligerait pas à agir en tenant compte des intérêts spécifiques des producteurs de céréales dans une situation comme celle-ci ?

La Commission canadienne des grains, dans le cadre du mandat modifié proposé, pourrait se concentrer sur les exigences strictes visant à assurer des normes de qualité et à garantir la disponibilité d’un produit fiable, sans tenir compte des intérêts des producteurs. En effet, un commissaire en chef hostile (ou, en cas de changement, un directeur général/président) favorisant les sociétés céréalières pourrait remplir le nouveau mandat tout en désavantageant gravement les fermières. La fixation de normes favorables aux entreprises céréalières pourrait aboutir à des spécifications si élevées qu’il sera difficile d’obtenir les meilleures notes et donc de laisser les céréales des fermières à prix réduit.

Un autre scénario très probable est celui où un fermiere qui voudrait vendre sa récolte pourrait être confronté à une situation où l’on ne peut obtenir la « qualité » souhaitée qu’en plantant des variétés sur lesquelles les sociétés céréalières ont des droits exclusifs. L’étape suivante consisterait à exclure les semences de ferme, car les normes ne seraient respectées que dans des conditions de pureté variétale fournies par des semences certifiées. Les changements de mandat feraient passer l’agence de l’incarnation des droits des fermières à un lieu qui spécifie les obligations des fermières de produire selon les spécifications définies en dernier ressort par les sociétés céréalières.

Le site recommande que le mandat de la CCG demeure tel qu’il est défini à l’article 13 de la Loi sur les grains du Canada. Le mandat de la CCG doit guider l’institution pour qu’elle agisse spécifiquement « dans l’intérêt des producteurs de céréales ». Les entreprises céréalières savent à quel point cet aspect est important pour les fermières ; c’est pourquoi elles veulent le modifier. Malheureusement, les fermières ne comprennent pas toujours l’importance de cette démarche. Modifier le mandat reviendrait à ignorer la réalité, à savoir que le pouvoir économique des compagnies céréalières et des chemins de fer doit être équilibré si l’on veut que les fermières soient traitées équitablement. La CCG a joué un rôle essentiel dans la réalisation de ce projet.

La prochaine proposition à l’étude concerne la sécurité des producteurs. L’idée proposée est de modifier la base sur laquelle un producteur est assuré d’être payé, en passant d’un système où les entreprises agréées doivent déposer une caution suffisante pour couvrir leurs transactions mensuelles à un système où l’assurance est utilisée. L’objectif de l’exigence existante est de s’assurer qu’il y a de l’argent en place pour être distribué aux fermiers pour les céréales qu’ils ont vendues en cas de faillite ou de fermeture de la société. L’abandon de l’obligation de cautionnement réduit les coûts de transaction pour les entreprises, mais les augmente pour les fermières. Nous partons du principe que la proposition prévoit que les fermiers financent tout ou partie des coûts du régime d’assurance.

Ce projet de loi prévoit également la suppression des services d’inspection à l’intérieur du pays de la CCG. L’inspection à l’arrivée consiste à peser et à classer les céréales qui arrivent aux terminaux d’exportation en provenance de la campagne. Il sert d’audit continu afin que les qualités et les volumes délivrés aux silos primaires correspondent à ceux de la position terminale. Il est également essentiel au fonctionnement des wagons producteurs pour qu’ils soient classés à leur arrivée aux terminaux. L’inspection interne permet d’éviter les divergences entre les entreprises qui achètent une qualité à la campagne et vendent une qualité supérieure à l’exportation, ce qui va au-delà de ce qui est obtenu par un mélange vers le haut. Un exemple (que nous avons déjà utilisé dans ce mémoire) datant de plus d’un siècle montre ce qui est devenu la raison d’être de l’application de l’inspection à l’arrivage : « En 1909, un audit des terminaux céréaliers de la tête du lac a révélé que les stocks et les expéditions de Northern No. 1, dans le cas de deux terminaux, dépassaient les recettes de plus d’un million de boisseaux. Il y avait des pénuries correspondantes dans les grades inférieurs ». Pg. 17, Histoire de la Commission canadienne des grains (1912-1987) J. Blanchard.

La perte de l’inspection à l’arrivage supprimerait les emplois de nombreux employés dévoués de la CCG. L’idée est de faire appel à des prestataires de services privés pour effectuer une partie de ce travail. Mais l’histoire nous montre, pour citer à nouveau J. Blanchard : « Dans les années 1880, on estimait que les inspecteurs des céréales devaient être des fonctionnaires, car ils risquaient d’être indûment influencés par ceux qui payaient les redevances. » Il n’y a aucune raison pour que ce ne soit pas le cas aujourd’hui.


Le site recommande que l’inspection à l’arrivée soit maintenue et que les employés de la CCG s’acquittent de cette tâche.
L’idée que les prestataires de services agréés soient sélectionnés par le silo de réception, comme cela a été proposé, placerait à nouveau le pouvoir de la société de silos devant celui des fermières et de leur institution. On peut y voir une pression de l’agence accréditée pour favoriser celui qu’elle considère comme son client (la société céréalière). Une agence accréditée n’a pas le mandat légal d’agir dans l’intérêt des producteurs de céréales. C’est le problème inhérent au concept d’accréditation et les questions demeurent : À qui l’employé accrédité doit-il son allégeance et qui paie le salaire ? Il en va de même pour les prestataires de services privés agréés.


Le site recommande en outre le maintien du Tribunal d’appel pour les céréales.
Le site est d’accord avec le maintien de l’inspection externe. Les employés de la CCG devraient toutefois continuer à s’en charger. Nous ne sommes pas d’accord pour modifier le rôle de la CCG en matière de pesée sortante. Nous pensons que les employés de la CCG devraient être directement impliqués dans la pesée extérieure des grains et que leur contrôle est essentiel. Si la CCG ne procède pas à une évaluation interne, la fonction d’audit de l’évaluation externe est remise en question. Il faut savoir que les grades et les poids à l’entrée et à la sortie correspondent correctement pour que les producteurs soient correctement payés pour toutes leurs céréales.

Le dernier point à aborder est la définition des outils d’application de la CCG par des sanctions pécuniaires plutôt que par les outils existants que sont la suspension des licences, l’émission d’ordonnances et de directives et les poursuites judiciaires pour les infractions. Ce serait une grave folie que d’éliminer les outils d’application dont dispose actuellement la CCG pour s’assurer que les mesures de la Loi sur les grains du Canada sont respectées. Nous avons aujourd’hui des acteurs consolidés dans le système céréalier qui sont si grands et si puissants économiquement que les sanctions pécuniaires seraient considérées comme un simple coût d’exploitation et que, de toute façon, ils peuvent toujours répercuter ces coûts sur les fermières. La possibilité de suspendre les licences et d’émettre des directives permet de s’assurer que les problèmes sont traités et non pas simplement dissimulés ou réglés par le paiement d’amendes. Le fait que la CCG ne puisse imposer que des sanctions pécuniaires ne sert pas les intérêts des fermiers.

Il est important de comprendre que la CCG est aussi importante aujourd’hui qu’elle l’a toujours été et que la gouvernance et les mandats soigneusement pensés par le passé sont tout à fait pertinents aujourd’hui. Les compagnies céréalières et les chemins de fer sont encore plus grands et plus puissants aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a 100 ans, lors de la naissance de la CCG. Les changements entraîneront bien sûr des changements, mais pas nécessairement pour le mieux. Ce que nous voyons dans ces domaines de discussion, c’est une liste subtile de souhaits de l’industrie céréalière pour que la CCG soit restructurée afin d’agir en dernier ressort dans son intérêt. La CCG, qui agit dans l’intérêt des producteurs de céréales, profite à tous les fermiers du pays et, en fin de compte, à l’ensemble du Canada en faisant de l’agriculture une activité un peu plus équitable. Que restera-t-il de l’agriculture canadienne si les fermiers n’ont pas une chance de bénéficier d’une certaine justice économique ? Sans l’agriculture canadienne, sur quoi les entreprises qui opèrent ici pourront-elles s’appuyer ?

Pour conclure, nous devons souligner à nouveau l’importance du mandat tel qu’il existe, en particulier à l’heure où le commerce des céréales au Canada est de plus en plus dominé par des sociétés céréalières internationales. Si elles sont autorisées à s’emparer d’une plus grande partie des revenus des fermières, cela pourrait se traduire par une diminution significative de l’argent en circulation dans l’économie canadienne. Les fermières en auront certainement moins dans leurs poches. Le mandat « dans l’intérêt des producteurs de céréales » est primordial.

J’ai eu le plaisir, en tant que président de , de préparer ce mémoire au nom de l’organisation. Je me réjouis sincèrement de poursuivre la discussion sur ces sujets et sur d’autres.

Respectueusement soumis par :

Terry Boehm, Président

UNION NATIONALE DES FERMIERS