Les fermiers et les consommateurs canadiens s’opposent à la dissémination de la luzerne issue du génie génétique (également appelée luzerne génétiquement modifiée,
ou GM) parce qu’il est impossible d’empêcher sa propagation dans les fermes, les champs et les sources d’alimentation où elle n’est pas souhaitée. Les séquences génétiques modifiées sont contenues dans le pollen de la plante, qui est transporté par les abeilles de fleur en fleur, sur de longues distances, sans tenir compte des clôtures, des contrats, des poignées de main ou de toute autre barrière érigée par l’homme. Les graines produites à la suite de la pollinisation germeront et donneront naissance à de nouveaux plants de luzerne contenant le trait génétiquement modifié (dans ce cas, le trait de tolérance à l’herbicide Roundup Ready de Monsanto), qui, en propageant le pollen, deviendront plus largement distribués et plus concentrés, et ainsi de suite à perpétuité.
Monsanto et son partenaire commercial, Forage Genetics International (FGI), sont parfaitement conscients de cette réalité complexe, mais souhaitent malgré tout introduire leur luzerne génétiquement modifiée. Les entreprises espèrent apaiser le public et fournir aux décideurs une excuse pour ne pas intervenir en publiant un plan dit de « coexistence », élaboré en leur nom par l’Association canadienne du commerce des semences. Toutefois, ce plan ignore des données fondamentales de la biologie ainsi que de nombreuses réalités de l’agriculture, et fait preuve d’un mépris total pour les intérêts des fermières dont les activités seront affectées par la contamination par les OGM.
L’Association canadienne du commerce des semences (ACCS) met la dernière main à un « plan de coexistence » de l’industrie afin d’ouvrir la voie à Monsanto et Forage Genetics International (FGI) pour l’introduction de la luzerne génétiquement modifiée dans l’est du Canada. L’ACTS, qui compte parmi ses membres Monsanto et FGI, définit un plan de coexistence comme suit : « Un cadre qui guide la mise en œuvre des pratiques d’intendance et des meilleures pratiques de gestion à employer pour que trois systèmes de production (biologique, conventionnel et génétiquement modifié) coexistent avec succès. L’objectif de la planification de la coexistence, selon le CSTA, est de « fournir aux producteurs la liberté de choix et la possibilité de poursuivre des marchés diversifiés ». Cependant, sans luzerne génétiquement modifiée, les producteurs sont déjà libres de poursuivre des marchés établis et en croissance pour les produits certifiés biologiques et non génétiquement modifiés. En permettant à la luzerne génétiquement modifiée de contaminer l’environnement, Monsanto et FGI gagneraient un marché pour leurs semences et leurs produits chimiques.