Le soutien à l’élevage fait cruellement défaut
Que Dieu vienne en aide aux éleveurs de bétail du Canada qui sont aux abois.
Lorsque les prix se sont effondrés en 2007, on nous a dit que c’était à cause du coût élevé des céréales fourragères et de l’envolée du dollar canadien, qui a brièvement pris le pas sur le billet vert américain et l’a écrasé.
Aujourd’hui, la situation est presque inverse. Les céréales fourragères ont chuté et le huard a repris sa place au pied de l’aigle américain.
Mais si les prix du bétail étaient mauvais à l’époque, ils le sont encore plus aujourd’hui. Qu’est-ce qui se passe ?
L’une des principales différences est la mise en œuvre par les Américains de l’étiquetage du pays d’origine. L’étiquetage du pays d’origine a effrayé la plupart des conditionneurs américains qui ont renoncé à transformer le bœuf canadien, ce qui est désormais considéré comme un facteur important dans la chute de la production.
Il convient également de noter que les prix des bovins ont baissé plus ou moins continuellement depuis 1989, comme l’a récemment souligné un excellent rapport du site .
Il en résulte inévitablement une baisse du nombre de bovins au Canada, les fermiers réformant les vaches plus âgées et réduisant le nombre de génisses de remplacement.
En juillet dernier, Statistique Canada a publié des données qui le démontrent. Il est intéressant de savoir où les pertes se produisent. Dans l’ensemble, le cheptel canadien de vaches de boucherie a diminué de 4,7 % entre juillet 2007 et juillet 2008, mais la douleur a été inégalement répartie.
Le Manitoba a perdu 1,8 %, la Saskatchewan a chuté de 4 %, l’Alberta a dégringolé de 5,8 % et le troupeau relativement petit de la Colombie-Britannique a chuté de près de 12 %.
L’est du Canada n’a pas été aussi mal loti. Le nombre de vaches de boucherie a diminué de 3,3 % en Ontario et de moins de 1 % au Québec.
Les baisses moins importantes en Ontario et au Québec peuvent s’expliquer par le fait que le marché intérieur de ces provinces est beaucoup plus important.
L’ouest du Canada doit exporter une part beaucoup plus importante de sa production de viande bovine en raison d’un plus grand nombre de bovins et d’une population plus réduite.
Alors que le secteur de l’élevage bovin est en proie à la misère, le gouvernement fédéral lui a offert un avant-goût.
Le ministre fédéral des finances, Jim Flaherty, a fait une allusion sibylline aux problèmes de l’industrie de l’élevage lors d’une réunion avec les ministres provinciaux des finances. Il n’en fallait pas plus pour que le ministre des finances de la Saskatchewan, Rod Gantefoer, propose sa propre accroche : les fermières devraient considérer le budget fédéral du 27 janvier comme un cadeau de Noël tardif.
Le gouvernement de l’Alberta n’a pas attendu que les autorités fédérales agissent. Il y a plusieurs mois, elle a mis en place un programme d’aide substantiel pour les éleveurs de bétail.
Les gouvernements devraient en effet agir. Les éleveurs perdent chaque jour des capitaux propres alors qu’ils maintiennent leurs troupeaux.
Les gouvernements, tant fédéral que provinciaux, doivent décider ce qu’ils veulent pour l’industrie de l’élevage.
Si les producteurs de bétail sont laissés à eux-mêmes, le secteur se contractera bien davantage. Si c’est la décision des gouvernements, que le secteur doit se rétrécir pour faire face à la nouvelle réalité, ils devraient immédiatement le faire savoir aux producteurs afin qu’ils puissent se retirer avant de consommer leurs capitaux dans un jeu d’attente futile.
Laissons-les se débrouiller, défricher leurs pâturages et leurs prairies de fauche et produire les cultures annuelles qui sont plus rentables. (J’essaie de garder la tête froide en écrivant cette dernière phrase, compte tenu des prix récents des céréales).
Mieux encore, proposez un programme qui permette aux producteurs de quitter l’industrie avec dignité et avec l’argent nécessaire pour passer à autre chose.
Mais si les gouvernements soutiennent l’industrie, quel est le résultat final ?
Serait-ce avec la conviction que les marchés se retourneront un jour et que l’industrie sera là pour en tirer parti ?
Cette stratégie est, au mieux, pathétique.
Une stratégie, préconisée par le site dans le cadre de son plan global de revitalisation du secteur de l’élevage, consiste à réduire le cheptel bovin pour qu’il corresponde à la consommation intérieure.
Pour beaucoup, ce serait une pilule difficile à avaler. Charlie Gracey, observateur de longue date du secteur de l’élevage au Canada, a qualifié cette idée d’impensable.
Cela signifierait certainement une réduction du nombre de parcs d’engraissement au Canada et un abandon de la production de céréales fourragères dans certaines régions.
Pour les éleveurs, la décision de réduire les effectifs est souvent difficile à prendre, car l’idée d’être plus rentable avec moins de vaches semble contre-intuitive.
Il est toutefois logique que le secteur soit plus petit. Étant donné que le rendement des veaux couvre à peine les coûts variables, un rendement positif pour un nombre réduit de veaux devrait être plus intéressant.
Un plus petit troupeau de vaches nécessiterait moins d’acres de pâturages et de prairies de fauche, mais les fermières pourraient utiliser ces terres excédentaires pour former leurs veaux au lieu de les vendre au moment du sevrage.
Cela permettrait d’obtenir un meilleur rendement par veau et de moins perturber les cultures et les modes d’utilisation des terres.
Il faudrait aller beaucoup plus loin pour que cette situation soit réalisable, et le rapport contient de nombreuses idées.
Une chose est sûre. Si nos gouvernements, provincial et fédéral, ont une meilleure idée, ils devraient le dire rapidement. Les éleveurs canadiens qui travaillent dur méritent de savoir à quoi s’en tenir.