À l’occasion de la Journée internationale des travailleurs (1er mai), le site UNF demande des protections plus fortes pour les travailleurs agricoles.
À l’occasion de la Journée internationale des travailleurs (1er mai), le site Union Nationale des Fermiers (UNF) demande des protections plus fortes pour les travailleurs agricoles. La promotion des droits des travailleurs agricoles est un élément essentiel du renforcement de la souveraineté alimentaire du Canada dans un contexte d’incertitude croissante des relations commerciales entre le Canada et les États-Unis et d’aggravation des effets du changement climatique.
Tout chemin vers un système alimentaire souverain, résilient et juste doit inclure de bons emplois agricoles et des protections solides pour les travailleurs agricoles résidents et migrants, ces derniers étant particulièrement vulnérables dans le système alimentaire actuel. Nous ne le voyons que trop bien avec les déportations et le statut extrêmement précaire de tant de travailleurs agricoles migrants aux États-Unis en ce moment ; et nous ne devrions pas oublier que les travailleurs migrants au Canada sont également confrontés à des niveaux élevés de précarité.
Les travailleurs agricoles ont longtemps été exclus de nombreuses normes fondamentales en matière d’emploi, y compris un salaire minimum garanti et des périodes de repos dans certaines provinces. Les gouvernements provinciaux ont, à des degrés divers, exclu les travailleurs agricoles des droits de syndicalisation. Les travailleurs migrants sont soumis à des contraintes supplémentaires en raison de la fermeture des permis de travail et du refus de leur accorder le statut de citoyen.
Malgré cela, les travailleurs agricoles du Canada résistent depuis longtemps aux mauvaises conditions de travail. Grâce à l’action individuelle, à l’action collective et à la pression législative, les travailleurs agricoles, tout au long de l’histoire du Canada, ont amélioré – au moins temporairement – leur situation immédiate.
Le 1er mai a une histoire ancienne, celle de la célébration du printemps et du renouveau. En 1886, ce sont des ouvriers qui ont démonté leurs outils à la McCormick Reaper Works de Chicago (une entreprise dont les machines ont inauguré une nouvelle ère d’agriculture industrielle) qui ont déclenché des grèves mondiales pour obtenir une journée de travail de 8 heures et qui ont conduit à l’institutionnalisation du 1er mai (May Day) en tant que Journée internationale des travailleurs.
Les travailleurs agricoles canadiens ont une longue histoire de résistance aux mauvaises conditions de travail et d’organisation pour la défense de leurs droits. En 1924, des moissonneurs britanniques venus travailler dans les champs canadiens ont organisé une marche de 300 miles de Toronto à Ottawa pour protester contre les fausses promesses de salaires et de traitements équitables. Dans les années 1930, les travailleurs de la betterave et du tabac d’Europe de l’Est ont formé des syndicats dans leurs domaines respectifs et ont mené des actions collectives pour obtenir de meilleurs salaires, souvent avec le soutien des exploitants agricoles de petite et moyenne taille. Dans les années 1960, en Colombie-Britannique, le Syndicat canadien des travailleurs agricoles (CFU) a été créé pour défendre les intérêts des travailleurs agricoles de la province, dont beaucoup étaient des immigrants indiens récents. Le CFU a fourni des services essentiels à ses membres et a été à l’origine de changements législatifs importants dans la province, comme l’extension des protections de la commission des accidents du travail.
Les mouvements sociaux des travailleurs agricoles ont perduré au XXIe siècle. En 2006, plusieurs villes canadiennes se sont jointes aux manifestations du 1er mai « Une journée sans immigrés » et aux boycotts économiques pour exiger un statut légal pour 11 millions de travailleurs américains sans papiers. En 2016, à l’occasion du 50e anniversaire du Programme des travailleurs agricoles saisonniers (PTAS), Justicia for Migrant Workers a organisé la Harvesting Freedom Caravan, un pèlerinage de Leamington (Ontario) à Ottawa pour protester contre les conditions de travail des travailleurs agricoles migrants et réclamer un statut pour tous.
La lutte actuelle des travailleurs agricoles ne fait que souligner l’importance d’une résistance et d’une solidarité continues entre tous ceux qui travaillent dans l’agriculture.
Le site UNF appelle à des solutions en matière de travail qui s’attaquent à la racine des problèmes de notre système alimentaire. Les fermières ont besoin de politiques de soutien qui leur permettent de gagner leur vie et d’offrir à leurs employés des salaires et des conditions de travail équitables. Les travailleurs migrants méritent des permis de travail ouverts et les mêmes droits que tous les citoyens canadiens. Les travailleurs agricoles et les fermiers sont l’épine dorsale du système alimentaire canadien, et alors que nous envisageons la souveraineté alimentaire et un système alimentaire résilient en période de menaces tarifaires, nous devons veiller à ce que cette vision comprenne un travail sûr et valorisé – et l’extension des droits fondamentaux du travail – pour ceux qui cultivent les aliments que nous mangeons tous.
Sources et lectures complémentaires :
Allahdua, Gabriel, et Edward Dunsworth. Récolter la liberté : La vie d’un travailleur migrant au Canada. Toronto : Between the Lines, 2023.
Binning, Sadhu. « The Canadian Farmworker’s Union : A Case Study in Social Movements ». Mémoire de maîtrise, Université Simon Fraser, 1982.
Cherwinski, W.J.C. « A Miniature Coxey’s Army : The British Harvesters’ Toronto-to-Ottawa Trekof 1924 ». Labour / Le Travail 32 (1993) : 139-65.
Dunsworth, Edward. « Green Gold, Red Threats : Organization and Resistance in Depression-EraOntario Tobacco « . Labour / Le Travail 79 (2017) : 105-42.
Gagnon, Marc-André. La Journée internationale des travailleurs (1er mai) au Canada.
Linebaugh, Peter. L’histoire incomplète, vraie, authentique et merveilleuse du 1er mai.
Malik, Anushay. Vies et expériences des travailleurs agricoles migrants sud-asiatiques en Colombie-Britannique. NFUniversité.
O’brien, Rebecca Davis & Miriam Jordan. Un froid s’installe pour les travailleurs sans papiers et ceux qui les embauchent.
Thompson, John Herd et Allen Seager, « Workers, Growers and Monopolists : The ‘Labour Problem’ in the Alberta Beet Sugar Industry during the 1930s ». Labour / Le Travail 3 (1978) : 153-174.
Photo en vedette: Judy Cavanagh, Collection du Syndicat canadien des travailleurs agricoles (29 mai 1984, Colombie-Britannique)